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"Le vide n'a jamais été un problème"

Pendu à un câble en plein ciel sous un hélicoptère, accroché à un relais avec trois cent mètres de vide sous les pieds, ou en train d’accompagner une civière en pleine paroi… Pour Marc Demeule, secouriste en montagne à la CRS Pyrénées, le quotidien se vit avec un horizon à la verticale.

20 Juin 2022

Secours techniques

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Retrouvez le premier épisode de la web série associée en vidéo, ici : https://www.youtube.com/watch?v=RaEtJ5z-zio

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Même si une part des interventions se déroule par voie terrestre, et que toutes ne se situent pas au milieu d'une falaise, le secours en montagne est indissociable de la dimension verticale. Pour Marc, cela fait simplement partie de son métier : "L'omniprésence du vide n'a jamais été un problème. C'est juste une composante particulière à intégrer, et on s'accoutume vite à être toujours en hauteur. Il faut savoir mettre de côté son appréhension afin qu'elle ne parasite pas la concentration. Le problème, c'est plutôt les dangers objectifs comme les chutes de pierre, les frottements de cordes qu'il faut anticiper, la difficulté d'avoir des bons amarrages pour le relais de secours dont tout va dépendre… C'est plutôt ça qui est éprouvant !" explique le jeune chef d'unité.

"Être au point sur les techniques, et avoir confiance"

C'est une attention de chaque instant qui est nécessaire, pour sa propre sécurité bien sûr, mais aussi celle de la victime qui s'en remet à ses sauveteurs, et celle de ses collègues. Dans cet environnement qui combine les dangers du milieu naturel, la difficulté technique de l'opération de secours, et le risque dû à la hauteur, toutes les ressources mentales sont accaparées, et la confiance devient le maître mot. "Quand tu fais cinq ou six secours dans la journée, c'est l'ensemble de la gestion des interventions qui fatigue, ce n'est pas le stress d'être en hauteur, confirme Marc. C'est donc d'autant plus important d'être au point sur les techniques, et d'avoir confiance dans le matos et dans les collègues !"

Cette confiance, elle se construit et se renforce à chaque entraînement, à chaque sortie en montagne, à chaque heure vécue ensemble au poste ou en intervention. "Quand on te mouline à soixante mètres du relais et que tu es pendu au bout de la corde, il faut avoir confiance dans ce qui se passe en haut ! Et c'est pareil en treuillage, quand tu es au bout du câble, ta vie est entre les mains du mécano."

"Les treuillages, c'est le royaume du vide"

Une situation quasi quotidienne, puisqu'en secours en montagne, l'hélicoptère est sollicité chaque fois que possible, et qu'environ 90 % des secours se font désormais par la voie des airs. L'illustration même du travail en hauteur ! "Les treuillages, c'est le royaume du vide pour nous. Tu pars du canapé et tu te retrouves pendu au câble sous l'hélico ! On s'entraîne régulièrement avec les différents équipages pour que les phases de sortie et d'entrée de la machine soient parfaitement rodées, car pendus dans le vide, il n'y a pas droit à l'erreur." D'autant que ces interventions héliportées sont très complexes par rapport à des secours par voie terrestre. Il faut gérer l'environnement et les obstacles qui peuvent présenter un danger pour l'hélicoptère (câbles électriques, pylônes, paroi), la notion horaire relative à la prise en charge médicale de la victime et aux recommandations du médecin, et les impératifs de l'équipage concernant le vol (carburant, météo, aérologie, nuit, etc.).
Quand il n'y a pas d'hélico, il faut savoir faire autrement. Et ce, quelle que soit la situation. Les entraînements se focalisent sur tous les types d'interventions "en hauteur" que l'équipe peut être amenée à effectuer : canyon, spéléo (en appui du Spéléo Secours Français), escalade en grande voie, alpinisme et, en hiver, cascade de glace, goulotte, ski de rando… Le programme s'adapte à la saison et aux conditions. Quant au rythme, les membres de la CRS Pyrénées travaillent une semaine sur deux. L'équipe d'astreinte, constituée de cinq secouristes, vit toute la semaine sur le site, et se réfère à la feuille de route hebdomadaire, qui indique les thèmes à travailler, pour organiser les exercices de secours. À cela s'ajoute un entraînement par mois avec l'hélico (deux si possible).
"Ces mises en situation, comme par exemple ici avec une personne bloquée dans des barres rocheuses et qui ne peut plus ni monter ni descendre, ou bien un blessé en canyon, ce sont des situations qu'on rencontre régulièrement. On s'entraîne aussi au poste, les pieds au sol, dans le hangar, avant de manœuvrer tous ensemble en conditions réelles."

"Tu ne peux pas deviner de quoi sera faite ta journée" 

Pour être à l'aise en milieu vertical avec le matériel propre aux interventions de secours, il faut, sans surprise, être d'une part familier du milieu en question, et d'autre part maîtriser tout le matériel.
"Dans le cadre d'une opération de secours, on n'utilise pas le même matériel que dans la pratique de loisir. Par exemple, au lieu d'utiliser un Grigri, on va utiliser un Rig ou un Maestro, parce qu'on n'a pas les mêmes diamètres de corde, et qu'il y a une notion de charge", illustre Marc. D'où l'importance de connaître parfaitement le matériel utilisé et son installation, qui doivent devenir un véritable prolongement de la main.
La maîtrise et la connaissance du milieu s'acquiert, elle, en pratiquant, tout simplement. Pendant la semaine de garde, l'équipe s'organise pour qu'un binôme se libère quelques heures de l'astreinte, assurée par les autres, pour aller faire une course en montagne, une grande voie, un canyon, une goulotte… "On est obligés d'être à l'aise dans le milieu, de connaître le secteur, les itinéraires, les conditions du moment en montagne, et de maîtriser parfaitement les techniques de progression dans les différentes activités. Et de toutes manières, on est obligés de pratiquer… parce que c'est un métier passion ! Si tu pratiques pas, ça te manque."
Un métier-passion que Marc a dans la tête depuis toujours : "Depuis que je suis gamin je veux faire du secours en montagne. Je suis entré dans la police pour ça. Je faisais de la montagne tous les jours, et j'étais déjà dans le cursus d'aspirant-guide, ce qui m'a permis un bon raccourci dans le cursus de formation de secouriste en montagne."
Guide de haute montagne depuis l'année dernière, secouriste depuis dix ans à la CRS Pyrénées, Marc a concrétisé son rêve de gosse. Ce qu'il aime le plus dans ce métier, c'est surtout d'avoir la montagne comme cadre de travail, et d'y ajouter cette mission d'aide à la personne, mais aussi le côté imprévisible et le fait de ne jamais savoir de quoi sera faite la journée. Et bien sûr, les interventions qui se terminent bien.
Quant aux risques du métier, Marc les intègre, mais à sa manière : "On peut dire que c'est un métier dangereux, et il y a régulièrement des décès. Mais pour le moment, je l'accepte. Le risque, on sait qu'il est là, on le minimise autant que possible avec la sécurité, et ensuite on n'y pense pas. Si un jour je me rends compte que je l'ai un peu trop souvent à l'esprit, ça sera le signe qu'il faut arrêter". Mais ce n'est pas à l'ordre du jour, car pour le moment, "le plus difficile, ce sont les journées où il pleut !"

Article rédigé par Anne Jankeliowitch

 

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Retrouvez le premier épisode de la web série associée en vidéo, ici : https://www.youtube.com/watch?v=RaEtJ5z-zio

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